Légitime or not légitime ?

Article co-écrit par Anne Cohen et Nathalie Naigeon
Coaches certifiées, Formatrices et Consultantes ouvertes aux pratiques de médecines douces.

En tant que professionnels nous rencontrons des personnes qui nous ressemblent mais qui sont différentes avec des besoins et des attentes qui leur sont propres. Chacun est unique et nous devons répondre au plus proche des spécificités de chacun. La tâche est énorme et nous ne sommes que des humains avec nos contradictions. Et un jour ou l’autre se pose la question de la légitimité enfin pour ceux qui se sentent vraiment concernés par ce qu’ils font !

Nous le savons c’est un peu polémique mais nous sommes convaincues que pour avancer il est indispensable de se poser des questions.

 

Les petites phrases assassines

À un moment donné suite à une promotion, un changement de poste, une nouvelle boite, une nouvelle aventure, un nouveau dossier, projet ou alors une remarque acerbe, une question déplacée, ou une plantade pour éviter de dire le mot « échec » notre petit vélo se met à tourner dans la tête avec des phrases comme :

  • Je suis nul(le)
  • Je n’ai pas le bon outil
  • Je ne vais jamais y arriver
  • Je ne sais pas … comme si tout d’un coup vous deveniez amnésique suite à un coup sur la tête
  • Je ne connais pas … comme si c’était une tare et que vous avez oublié comment on apprend
  • Le fameux « oui mais » donc qui n’est pas un « oui » franc et massif…c’est un oui plein de retenues et de doutes.
  • L’autre sait et pas moi…. il ou elle est mieux que vous même si vous ne savez pas en vertu de quoi.

Toutes ces petites phrases viennent grignoter votre légitimité et au lieu de les affronter vous les fuyez…

Ce qui leur donnent encore plus de place. C’est une ombre qui plane prête à vous tomber dessus en piqué à la moindre occasion. Parce que vous ne vous sentez pas digne ou à la hauteur. Mais en fait, digne de quoi ou à la hauteur de quoi ?

  • De vos espoirs
  • De votre fonction
  • Des attentes des autres
  • De votre égo

En plus, l’autre qui veut vous rassurer sur vos compétences, il ne peut jamais ratisser 100% de la situation donc il y a encore ce petit « oui mais » qui vient vous gâcher l’assurance.

Dans ce jeu du chat et de la souris, vous êtes le chat et la souris. C’est une question entre vous et vous et personne ne peut y répondre à votre place.

Pour autant se poser la question de sa légitimité est un gage de conscience professionnelle. En effet, quelqu’un qui s’en fout ne se pose jamais cette question.

Alors cette question vient d’où ?

Le syndrome de l’imposteur

Ferions-nous allusion à une question de confiance en soi ou d’estime de soi ?

En effet, la différence n’est pas évidente. Alors un petit exemple vaut mieux qu’un long discours.

On vous propose d’animer un webinaire…et vous n’y connaissez strictement rien ! Vous avez confiance en vous, vous dites oui et dans le cas contraire vous dites non.  Vous animez le dit-webinaire… vous êtes super content-e, vous êtes super déçu-e, vous auriez pu faire mieux, vous êtes dubitatif-ve, et plus si affinités…. Et bien là c’est de l’estime de soi. L’estime de soi est un sentiment fluctuant qui est fonction des circonstances.

En revanche quand l’estime de soi est au plus bas de façon récurrente ou que vous êtes dans l’incapacité d’apprécier vos réussites, alors là il y a un vrai souci. D’ailleurs, deux psychologues américaines ont mis un nom sur cet état à savoir le syndrome de l’imposteur.

Ces personnes recherchent à l’extérieur une reconnaissance et une valorisation qu’elles sont incapables de se donner. Elles se pensent incompétentes et cela n’est pas réservé à une catégorie particulière de personnes, tout le monde peut être touché. Ce sentiment d’incompétence, de peur d’être découvert génèrent de la tension et de la pression qui sapent votre énergie et vous polluent votre joie de vivre.

Si vous n’êtes pas atteint, il vous suffit de remplir votre tonneau d’estime de vous comme d’habitude et dans le cas contraire, il est nécessaire de passer à la phase plus musclée en allant décortiquer la source.

Mais en fait c’est quoi être légitime ? Et de quelle légitimité parlons-nous ?

  • Caractère de ce qui est fondé en droit : La légitimité d’un contrat.
  • Qualité de ce qui est équitable, fondé en justice : La légitimité d’une revendication.
  • Qualité d’un enfant légitime.
  • Qualité d’un pouvoir d’être conforme aux croyances des gouvernés quant à ses origines et à ses formes.

Déjà au vu de la définition, il nous parait difficile de faire l’unanimité simplement parce qu’il y a toujours quelqu’un à qui vous ne revenez pas… pas pour ce que vous êtes ou savez mais simplement parce que vous ressemblez à une personne qu’il ne peut pas voir en peinture ou à sa belle-mère ou beau-père afin de respecter l’équilibre. Il va vous descendre en flammes sur quelque chose que vous ne pouvez absolument pas maitriser parce que vous n’êtes pas concerné.

Maintenant il faut aussi savoir de quelle légitimité nous parlons.

Il y en a plusieurs et nous sommes souvent bloqués sur une, car elle correspond à notre lecture de la situation.

  • Il y a la légitimité du diplôme… nous sommes en France et sans diplôme point de salut. Et pour autant nous avons tous connus des personnes diplômées voire même sur-diplômées que nous trouvions crétins ou incompétents.
  • La légitimité du terrain… vous avez appris en vous colletant à la réalité. Votre savoir et vos pratiques ont évolué au gré de votre expérience.
  • La légitimité liée à votre parcours de vie…. Une expérience après l’autre vous avez acquis un savoir sans même vous en rendre compte.

Quand nous nous questionnons sur notre légitimité, il est important de mettre les choses à la bonne place et de mettre le curseur là où il doit être.

Vous n’êtes pas dieu le père et vous ne détenez pas LA connaissance. Vous êtes un être humain qui a appris, progressé, est tombé puis s’est relevé puis a appris etc.

Vous êtes incapable de tout savoir car vous n’êtes qu’un être humain ce qui en soi est plutôt rassurant.

Ceci étant posé, il vous arrive de commettre une erreur et ça aussi c’est normal. En revanche ce qui importe c’est ce que vous faites ensuite pour la rattraper ou pour éviter que la même ne se reproduise. Rassurez-vous il y en aura toujours une autre.Votre responsabilité se trouve dans la gestion de l’après. Avant vous ne saviez pas mais après vous n’avez plus la même excuse.

La question est aussi de ce que vous mettez derrière le terme de légitimité… quel est votre enjeu ?

Tout savoir : nous savons tous que c’est impossible.

Vous rassurer sur vos compétences : il n’y a qu’en y allant que vous le saurez.Nous vous rappelons au passage qu’à moins de travailler dans la Sécurité, vous avez une obligation de moyens et non de résultats c’est-à-dire que vous vous engagez à tout mettre en œuvre pour parvenir au résultat mais à aucun moment vous ne garantissez un résultat. D’autant plus que ce dernier ne dépend pas de vous.

Mais quelle est l’origine de votre enjeu ?

Drivers et/ou injonctions ?

Le driver ou injonction est une phrase réelle ou imaginaire qui vous a été dite, quand vous étiez petit et qui influe sur votre comportement. Être prévenu vous permet d’éviter l’écueil ou du moins d’en amoindrir les effets. Ces drivers sont au nombre de 5 :

« Sois parfait » est perfectionniste, exigeant, assez tourné vers les détails. Faire une erreur équivaut à risquer des conséquences catastrophiques selon lui. Ce message est hérité de discours du type : “tu peux mieux faire”.

« Fais plaisir » veut être aimé et craint de décevoir ; pour cela, il recherche l’approbation, ne sait pas dire non. Il va, à cause de cela, se laisser envahir par les autres. Ce schéma s’est construit en entendant des phrases du type : “fais plaisir à ta mère”, “tu me fais de la peine”, “sois gentil, je suis fatigué”.

« Sois fort » pense qu’il doit se débrouiller seul et évite de montrer ses sentiments car montrer des émotions équivaut à se montrer faible. C’est en entendant des phrases du style : « il faut être courageux », « ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts », « on ne va pas se plaindre, il y a bien plus malheureux » qu’il a développé ce message contraignant.

« Dépêche-toi » se montre souvent agité et impatient ; il s’ennuie facilement et préfère la rapidité à la qualité. Il s’est développé en entendant des phrases telles que « dépêche-toi » « arrête de traîner », « tu es trop lent ».

« Fais des efforts » pense que toute réussite passe par des tâches pénibles. Il se retrouve donc souvent à compliquer les choses. C’est en entendant des discours comme « donne-toi un peu de mal », « à vaincre sans effort on triomphe sans gloire » qu’on développe un « fais des efforts ».

Vous commencez à entrevoir les conséquences de ces petites phrases dans la qualité de votre travail et/ou dans vos relations aux autres.

Alors, vous les avez tous en vous mais il y a, en général, deux qui prennent le lead et vous gâchent quelque peu la vie et aussi celle de ceux qui vous entourent. En effet, comme dans toute chose l’excès est nocif. Une fois que vous connaitrez votre poison vous aurez l’antidote.

Bon maintenant que vous savez si vous êtes un imposteur et quels sont les drivers qui vous mènent nous arrivons à quoi faire avec tout ça c’est-à-dire quelle posture adopter. ?

La posture

A partir du moment où vous avez un job ou que des personnes viennent vous consulter c’est déjà qu’il s’est passé quelque chose. Il y a des gens qui pensent que vous pouvez répondre à leurs attentes, que ce que vous proposez correspond à leurs besoins.

A partir du moment où vous avez un job ou que des personnes viennent vous consulter c’est déjà qu’il s’est passé quelque chose. Il y a des gens qui pensent que vous pouvez répondre à leurs attentes, que ce que vous proposez correspond à leurs besoins.

C’est déjà rassurant.

Maintenant vous ne voulez pas les décevoir mais la seule chose que vous pouvez ou devez leur promettre c’est de faire de votre mieux.

En intelligence émotionnelle il est dit également que pour n’avoir aucun regret, il n’y a qu’à être pleinement là. C’est parfois difficile de laisser les préoccupations chez soi.

Vous pouvez appliquer au minimum, ce qui est déjà beaucoup, 2 des accords toltèques qui sont :

  • Parler vrai
  • Faire de son mieux

Et tout ceci en étant complÈtement présent. Cela ne garantit rien mais met des garde-fous et vous permet de calmer votre envie de perfection et de toute puissance. Chacun doit être à sa place et prendre sa part. Vive le colibri !

Et pour cela, monter en compétences et en connaissances est indispensable.

L’apprentissage comme mode de fonctionnement permet de suivre la « courbe en J ».

Prochainement, nous aborderons le mode d’apprentissage de Maslow : modèle en 4 étapes pour expliquer comment chaque individu évolue lorsqu’il apprend une nouvelle compétence. 

Auteures de l’article

Anne Cohen

Anne Cohen

Coach professionnelle

Passionnée par les Sciences Humaines et riche d’une expérience de 20 ans dans la grande distribution en tant que manager et coach interne au niveau national et international.

Nathalie Naigeon

Nathalie Naigeon

Coach professionnelle

Accompagne depuis plus de 20 ans des dirigeants de PME en tant que consultante dans un cabinet d’expertise comptable ainsi qu’à différents postes de direction générale et financière principalement dans la formation et le conseil.

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